Au petit matin, à peine le jour levé, la pluie sibylline était déjà tombée.
Comme une douce et fine criniÚre féminine cascadaient du ciel des milliers de lignes.
Les doigts nuageux du vent caressaient la belle tel l'Ă©poux jaloux qui, mĂ©fiant, craindrait lâamant.
Sur leur ponton dâazur, les pĂȘcheurs cĂ©lestes patientaient, le regard vide et pur.
LâappĂąt Ă©tait sans prix, car les carpes batailleuses ne mordraient volontiers Ă de pareils hameçons.
Il sâagissait de mondes suspendus, rutilants Ă la vue comme pierreries au Soleil, pleins dâĂ©clats perdus dans leurs prismes aux merveilles.
Ils Ă©taient Ă ces crins tendus ce quâest lâĆil au visage, le trĂ©sor suprĂȘme occultant tout paysage.
Il y en avait de toutes formes, comme de l'Ă©mail, de sorte que chacun puisse trouver bague Ă sa taille.
Cela allait de la sphÚre nue, chaste et claire au plus alambiqué de ses contraires.
Le mobile remontĂ© se mit alors en marche et les globes sâĂ©branlĂšrent en une ronde Ă©parse.
Les univers virevoltĂšrent et commencĂšrent Ă danser, traçant de vastes cercles dans lâĂ©ther animĂ©.
Les ombres mortelles qui nageaient à Terre en furent toutes envoûtées.
Et la musique sâĂ©leva, et lâair ne fut plus que mouvement.
Lorsque lâhumanitĂ© entiĂšre fut sous le charme, la nuit sâĂ©tira, doucement.
Câest alors que l'on vit sâĂ©lever, le long des tiges, des lumiĂšres dâargent que les pĂȘcheurs du ciel saisirent entre leurs doigts blancs.
Petit Ă petits, leur barque s'emplit.
Tous ces rĂȘves errants, ces songes recueillis, sont pour eux comme des poissons de vie.
Et pour cause, quelle couleur est plus rare, quelle saveur, quel nectar ?
Une fois les prises remontées, certaines d'entre elles sont libérées mais la plupart restent au fond du filet.
Et quand la saison s'achĂšve, ils les sertissent en de profondes toiles quâils hissent bien haut, comme des voiles.
Qui ne les as jamais vues sous le nom dâĂ©toile ?
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