En attendant l'aurore
De mon berceau de fer
Je regarde l'erreur
Ce qu'elle a pour me plaire
Ce texte est la suite, deuxième partie assumée du morceau "Bleu Fantôme" qui précède "En Attendant L'Aurore" dans l'album. On y retrouve donc sans surprise le retour de certaines thématiques. Par exemple l'état d'attente, le culte d'un monde qui sera mieux demain, ailleurs, à "l'aurore" par opposition à la nuit dans laquelle nous nous trouverions.
Le "berceau de fer" peut-être une référence à la vie en ville, à l'abondance des technologies et à l'éloignement de la nature, du plus simple appareil que symboliserait le "berceau" face au "fer".
Si l'on suite cette interprétation, alors, ce que l'auteur désigne comme "l'erreur" est tout simplement ce qui sort de l'uniformisation des corps et des esprits.
Lui-même, se sentant largué par la vitesse de l'évolution de cette uniforme auquel il faudrait s'adapter, amène l'idée que ces erreurs lui plaise et que nous devrions pouvoir cultiver nos différences sans craintes. C'est du moins cohérent avec l'idée que les différences de la marge enrichissent la norme de notre culture, idée que l'on retrouve souvent dans les écrits d'Adrien.
En attendant les ors
De ma prison de chair
Je regarde les autres
Ce qu'ils vont me faire
Toujours l'attente d'un lendemain qui chante "en attendant les ors" en opposition à la situation actuelle, situation de souffrance "prison de chair". Ces termes de "prison de chair" peuvent avoir un sens bien particulier, comme nous l'avons vu dans le texte précédent le parolier ne semble pas à l'aise avec son corps. Peut-être a t-il peur qu'on ne voit pas au-delà de son corps ce qu'il a à nous dire ?Ou peut-être a t-il peur de ne pouvoir s'affranchir de ce que lui impose socialement son physique inadapté ?
C'est ce que semble nous indiquer une fois encore sa peur des autres avec les deux derniers vers de la strophe.
En attendant la mort
De mon palais en l'air
Je regarde se jeter pitoyable
Des amis à la mer
Induction de l'idée que la mort peut-être la libératrice de ce carcan de souffrance et de superficialité. Qu'elle peut-être le lendemain qui chante et que quoi qu'on fasse elle viendra nous cueillir.
Le "palais en l'air" signifierait-il que l'auteur s'éloigne de la terre, du concret ?L'idéalisme que nous avons relevé auparavant dans ses propos peut venir appuyer cette supposition.
Ensuite puisque le thème est maintenant celui de la mort, que font ces "amis" qui se jettent "à la mer" ?Perdent-ils leurs temps, ne captant pas sa préciosité ?Ou alors au contraire ont-ils fait le choix de vivre pleinement ?De brûler franchement plutôt que s'éteindre à petit feu comme dirait Neil Young et Kurt Cobain ?
En attendant l'hiver
Où l'on pourra y croire
Je regarde décembre
Somnambule; éperdu de mémoire
En attendant le jour où l'espoir pourra être ravivé on peut penser que l'auteur se noie dans le passé, ne vit qu'à travers ce qui a été et qu'il a perdu. On peut penser qu'il s'agit éventuellement d'une séparation amoureuse douloureuse.
En attendant l'aurore
De mon château de nerf
Je regarde les mœurs
Ce qui dort sous terre
"Château de nerf" décrit bien l'état de tension du personnage et l'évolution de la musique à cet endroit de la chanson. "regarde les mœurs" semble opposé à "ce qui dort sous terre" peut-être encore cette opposition entre la norme asphyxiante et le silence de la solitude, de la différence ?
En attendant d'éclore
De l'étau qui me serre
Je regarde les drones
Vibre au souffle lunaire
Encore la question de la norme qui "serre" celui qui n'y entre pas en attendant qu'il ose "éclore" et créer sa propre norme, sa propre culture.
Les drones symboliserait peut-être encore la technique mise au service de la surveillance perpétuelle de la population à laquelle l'auteur tâche d'échapper en vibrant "au souffle lunaire".
En attendant le sort
Quand viendra la lumière
Je regarde l'artifice
D'un autre système solaire
L'idéalisme toujours, la lumière un jour face à la nuit aujourd'hui. Il y a autre chose à voir que ce qu'on nous propose "un autre système solaire". Au sein même de la société que critique l'auteur y a t-il à voir des alternatives ?Des trésors cachés ?Des moyens de résister et de faire changer les choses à son échelle ?
En attendant hier
D'où raviver l'espoir
Je contemple les cendres
Éloignez les miroirs
Retour sur une note plus sombre, l'espoir ne vient que d'hier. Nostalgie de temps révolus, réinventés et fantasmés dont il ne reste que les "cendres".
Ultime violence du propos avec "Éloignez les miroirs" comme s'il était inacceptable de se regarder en face, de se voir. Comme une menace, une irrépressible envie de briser ces "miroirs" parce que c'est soi qu'on y voit. L'auteur s'impute une culpabilité qui fait qu'il ne peut s'accepter. Est-ce toujours en lien avec la question de la rupture abordé plus haut ?Ou la question du rejet de son corps ?
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