Il y a un paysage,
il y a des gens, des visages,
des gamins jouant sous le marché couvert
des petites voisines et moi en Guy l'Éclair,
il y a des paniers de framboises et de mures,
il y a comme un lointain murmure,
il y a des ponts de Suresnes,
il y a le cri des sirènes,
un hotel hostile et ses rideaux à fleurs,
un homme qui lit en retenant ses pleurs,
il y a des avions noirs qui s'élancent,
il y a des amants faisant silence,
il y a le sang couvrant sur la terre,
il y a la mort à tant de paupières,
il y a des soldats ivres qui jurent,
il y a des rires dans la chambre obscure,
une Vénus à la fourrure, un enfant qu'on torture,
il y a le faux-pas du funambule,
il y a le lépreux dans sa cellule,
il y a le taureau qu'on émascule,
il y a l'incendie dans la pendule,
l'opéra qui bascule.
Il y a la fin du rêve,
il y a le jour qui se lève,
la pluie sur le Havre qui cingle l'eau du port,
les chevaux couchés dans les trains de la mort,
il y a les heures égales,
il y a la place Pigalle,
les coups de canifs dans le papier velours,
les mômes bradés au marché de l'amour,
il y a des indiens nus dans l'orage,
il y a la forêt que l'on saccage,
il y a des pavés sous toutes les plages,
il y a l'oiseau blanc en plein naufrage
dans l'océan qu'on outrage,
il y a grand-mère et sa couperose,
il y a Jésus couvert d'ecchymoses,
il y a le rasoir du virtuose,
il y a un criminel aux joues roses,
des conclusions qui s'imposent,
la menace de toute chose.
Il y a un garçon sage,
il y a des pensées sauvages,
il y a...
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