Je sens le bois se faire Ă ma peau
Je sens lâhiver se faire Ă mon Ăąme
Et mes souvenirs doucement, prendre l'eau
Comme un bateau au vent de lâautomne
Je sens mes os usĂ©s dâexister
Je sens mes mains usĂ©es dâimpatience
Et de caresses, de gestes fanés
Je sens venir ma derniĂšre danse
Jâai tout perdu dĂ©jĂ mille fois
Tout oublié sauf quelques étoiles
Jâai tout aimĂ© mĂȘme les dĂ©gĂąts
MĂȘme lâennui, mĂȘme lâeffroi
Jâai tout aimĂ© mĂȘme le chagrin
MĂȘme la peine et sa dĂ©chirure
Et le plaisir de tant vivre en vain
Et le dĂ©sir, lâinutile torture
Je sens la brume emporter mes plaines
Je sens le vent plier mes vaisseaux
Et mes envies autrefois souveraines
Dorment tranquilles au creux de mon dos
Si jâai perdu le goĂ»t des naufrages
Si jâai perdu le goĂ»t des chimĂšres
Câest quâenfin je suis devenu sage
Jâai perdu le chemin des riviĂšres
Jâai tout cherchĂ© lâamour, ses drames
Lâenfer le ciel et lâinespĂ©rĂ©
Jâai tout creusĂ©, lâĂ©trange et lâinfĂąme
Les fleurs du mal, les pauvres regrets
Jâai tout aimĂ© mĂȘme lâamertume
MĂȘme lâabsence douleur oubliĂ©e
Jâai tout aimĂ© lâenfance monotone
Et la jeunesse au cĆur emballĂ©
Je sens le bois se faire Ă ma peau
Je sens la pierre se faire Ă mon Ăąme
Et chaque jour est comme un cadeau
Chaque matin est comme une flamme
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