C'est parce que ton épaule à mon épaule,
Ta bouche à mes cheveux,
Et ta main sur mon cou,
C'est parce que dans mes reins,
Quand ton souffle me frôle,
C'est parce que tes mains,
C'est parce que joue à joue,
C'est parce qu'au matin,
C'est parce qu'à la nuit,
Quand tu dis "viens", je viens,
Tu souris, je souris,
C'est parce qu'ici ou là,
Dans un autre pays,
Pourvu que tu y sois,
C'est aussi mon pays,
C'est parce que je t'aime,
Que je préfère m'en aller,
Car il faut savoir se quitter,
Avant que ne meure le temps d'aimer,
C'est parce que j'ai peur de voir s'endeuiller,
Les minutes, les heures, les secondes passées,
C'est parce que je sais qu'il faut un presque rien,
Pour défaire une nuit et se perdre au matin,
Je ne laisserai pas pencher sur notre lit,
Ni l'ombre d'un regret, ni l'ombre d'un ennui,
Je ne laisserai pas mourir au fils de jours,
Ce qui fut toi et moi, ce qui fut notre amour,
Il ne sera jamais emporté par le temps,
Je l'emporte moi-même, il restera vivant,
Oh laisse-moi, oui je t'aime,
Mais je préfère m'en aller,
Car il faut savoir se quitter,
Avant que ne meure le temps d'aimer,
J'en ai vu, comme nous, qui allaient à pas lents,
Et portaient leur amour comme on porte un enfant,
J'en ai vu, comme nous, qui allaient à pas lents,
Et tombaient à genoux, dans le soir finissant,
Je les ai retrouvés, furieux et combattants,
Comme deux loups blessés, que sont-ils maintenant,
Ça je ne veux pas, je t'aime,
Je ne veux pas nous déchirer,
C'est mieux, crois-moi, de nous quitter,
Avant que ne meure le temps d'aimer,
C'est mieux, bien mieux, de nous quitter,
Avant que ne meure le temps d'aimer...