Tu me dis que rien ne passe
Même au bout d’un moment
Qu’un jour c’est une impasse
Et derrière l’océan
Que l’on garde toujours la trace
D’un amour, d’un absent
Que tout refait surface
Comme hier, droit devant
Tu me dis que rien ne sert
La parole ou le temps
Qu’il faudra une vie ou le temps
Qu’il faudra une vie entière
Pour un jour faire semblant
Pour regarder en arrière
Revenir en souriant
En gardant ce qu’il faut taire
Et puis faire comme avant
Je peux seulement te dire
Je peux seulement te dire
Qu’il m’a fallu la peur
Pour être rassuré
Que j’ai connu la douleur
Avant d’être consolé
Qu’il m’a fallu les pleurs
Pour ne plus rien cacher
Que j’ai connu la rancœur
Bien avant d’être apaisé
Tu ne sais pas encore
Ce que je sais par cœur
Ce que je sais par cœur
Beau malheur
Tu me dis que rien n’efface
Ni la craie, ni le sang
Qu’on apprend après la classe
Ou après ses trente ans
Qu’on peut dire trois fois hélas
Que personne ne l’entend
Comme personne ne l’entend
Comme personne ne remplace
Ceux qui partent pour longtemps
Tu me dis que vient l’hiver
Qu’on oublie le printemps
Que l’on vide les étagères
Qu’on remplit autrement
Qu’on se rappelle les yeux verts
Le rire à chaque instant
Qu’après tout la voix se perd
Mais les mots sont vivants
Je peux seulement te dire
Je peux seulement te dire
Qu’il m’a fallu la peur
Pour être rassuré
Que j’ai connu la douleur
Avant d’être consolé
Qu’il m’a fallu les pleurs
Pour ne plus rien cacher
Que j’ai connu la rancœur
Bien avant d’être apaisé
Tu ne sais pas encore
Ce que je sais par cœur
Ce que je sais par cœur
Tu me dis que c’est un piège
Un jeu pour les perdants
Que le bateau est en liège
Et l’armure en fer blanc
Que plus rien ne te protège
Ou alors pas longtemps
Que c’est comme un sortilège
D’être seul à présent
Je peux seulement te dire
Je peux seulement te dire
Pour être rassuré
Avant d’être consolé
Pour ne plus rien cacher
Bien avant d’être apaisé
Je peux seulement te dire
Je peux seulement te dire
Beau malheur